Plan d'étude pour les déterminants

Lors du repérage des occurrences,

 

 

ANALYSE FONCTIONNELLE

  1. L’absence de déterminant
  1. liée à une détermination référentielle forte

L’emploi de l’article peut être inutile parce que superflu dans une phrase qui permet l’identification immédiate du référent attaché au nom.

Les substantifs par eux-mêmes déterminés échappent aux nécessités de l'actualisation :

  1. lié à une détermination référentielle incomplète

c’est parce que l’ancrage référentiel apparaît comme nul, faible ou affaibli que l’absence d’article devant le nom se trouve justifié. Pour Wilmet ou Soutet, il est toujours le signe " du non-engagement du mécanisme de régulation d'extensité " (Soutet, 1989, p. 25), c’est-à-dire du mécanisme qui régule la quantité d'objets auxquels le nom est appliqué.

Dans ces emplois, le contexte syntaxique est déterminant, c’est lui qui bloque le mouvement par lequel le substantif peut être pleinement identifié, amenant à ne pas envisager le substantif pour lui-même mais pour ses qualités mises au service de la définition d’un autre nom ou la fabrication d’une locution. On peut parler de décatégorisation ; le nom n'exerce plus vraiment une fonction de nom : " On dénie par ce moyen son indépendance au nom " (Wilmet, 1997, p. 151) puisque " seules sont prises en compte les propriétés dont il est le support " (Martin, 1983, p. 159). On est en présence d’une procédure d’identification non aboutie.

  1. les constructions attributives ou appositives
  2. les constructions prépositionnelles :
  1. les constructions non prépositionnelles (ex : un accent clairon ; un habit couleur paille)

 

  1. L'actualisation pure
  1. les déterminants complexes
  2. indiquer la base (quantificateur nominal : une foule de), adverbial (beaucoup de),…

  3. l'article indéfini

Le cas le plus banal est celui de l'article indéfini, dont c'est la fonction spécifique :

L'article indéfini permet d'extraire d'une classe un élément unique.

L'extraction non aléatoire considère un élément spécifique de l'ensemble : " une gamine ", désigne un élément non identifié, mais pas n'importe lequel, dans la classe des gamines. Ici, l’être isolé est unique et spécifique

L'article indéfini des (avec valeur d'extraction non déterminée) permet d'extraire d'une classe un nombre indéterminé d'éléments qui ne représentent pas tous les éléments (= partiel dans l'ordre du pluriel).

Cas de réduction de l'article à de,

Ainsi, dans les phrases négatives, des se réduit à de (il y a des hommes, il n’y a pas d’hommes). On explique cette réduction par le fait que le contexte négatif refuse à la notion toute extension sémantique : le mouvement de réduction de l’extension est déjà engagé par la négation, empêchant le déterminant pluriel des d’apparaître dans son entier ; pas d'hommes ;

Cas d'haplologie : quand, pour éviter la cacophonie "de des," on a eu recourt à la forme amalgamée " de ": rempli de millions; au milieu de cheveux plats

La notion d'extraction rend compte des emplois non prédicatifs, mais lorsque le nom est en fonction attribut, c'est-à-dire lorsqu'il y a une relation prédicative, il n'y a pas d'extraction.

Ici un élément déjà actualisé, voire identifié (le village, le tas de cendre) est inséré dans une (sous-)classe (celle des villages de poupée, des dunes); il n'y a donc pas extraction mais classification (insertion d'un élément dans l'ensemble des éléments appartenant à la même classe).

Le nom attribut est rapporté à un autre nom qui est déjà entré en discours.

c’est un village de poupée, ne trouvez-vous pas ?

ce tas de cendre qu’on appelle ici une dune

des doigts comme des boudins

  1. l’article partitif
  2. C'est l'article partitif que l'on rencontre devant les noms qui désignent des notions continues: du tabac.

  3. l’adjectif indéfini

L'actualisation est enfin assurée par l'adjectif indéfini, lorsqu'il est seul déterminant devant le nom:

aucun charme; nulle offense.

  1. Les déterminants complémentaires
  2. Lorsque, au contraire, l'adjectif indéfini est employé concurremment avec un déterminant spécifique, il joue le rôle de déterminant secondaire : il ne sert pas à renvoyer à un référent réel, mais commente plutôt l'actualisateur principal: tout le monde; un même mouvement.

  3. La détermination complète

Elle se trouve assurée: ;

  1. Par l'adjectif possessif :
  2. Il y a établissement d'une relation entre le terme à déterminer et le " possesseur ", nous. C'est cette relation qui assure la détermination, mais il convient en même temps d'assigner à l’adjectif possessif un rôle de nominal, puisque, à l'instar du pronom personnel, il nomme directement le locuteur et le destinataire.

    Les déterminants possessifs marquent une détermination identique à celle de l'article défini et y ajoutent l'expression d'un rapport dit de " possession ". L'accord en genre et en nombre lie le déterminant au nom, l'accord en personne le lie au " possesseur ".

    L'identification du " possesseur " de des personnes 1, 2, 4, 5 relève de la déixis énonciative et, comme les démonstratifs, renvoie au je et au tu. Aux personnes 3 et 6, la référence est anaphorique.

     

  3. Par l'adjectif démonstratif :
  4. Comme pour l'article défini, l'usage d'un déterminant démonstratif implique que le référent est identifiable. Cette identification s'effectue dans le contexte linguistique (emploi anaphorique le plus souvent) ou dans la situation (emploi déictique).

    On a déjà noté que, dans ces exemples, ils étaient dépourvus des marques de la proximité et de l'éloignement, sans doute superflues en raison de la manière dont s’exerce la détermination. En effet, les référents des noms déterminés sont désignés dans la réalité de la situation de communication : ils appartiennent au réel ambiant et les déterminants sont des déictiques.

    La situation de référence est créée par la profération de la parole. Cette déixis de papier se greffe sur l'instance énonciative exprimée par le je. Elle est donc renouvelée à chaque lecture du texte. Transposée à 1’écrit, cette fonction désignatrice leur vaut le nom d'embrayeurs, puisque ce sont eux qui font exister ces objets, comme s'il s'agissait d'objets réels.

     

  5. Par l'article défini, forme typique de la détermination complète.

Il exerce ici cette fonction de plusieurs manières :

 valeur référentielle

Dans tous ces cas:

 valeur non référentielle

Il engage alors le nom dans la voie de la généralisation ; on parle de tension généralisante, lorsqu’on a " un mouvement de pensée portant la notion substantivale en direction d’une image généralisante " (Moignet, 1981, p. 132)

    1. au singulier, l’être considéré vaut pour la totalité de sa classe → commutable par l’indéfini " tout ":
    2. LE, article défini singulier, générique intensionnel, vise la classe du point de vue des qualités qui la constituent, la classe est considérée comme une unité s'opposant à d'autres (le merle/ la chouette/le rossignol...)

    3. au pluriel, ce sont tous les constituants de la classe qui sont considérés→ commutable par l’indéfini " tous/toutes les "

LES, article défini pluriel, est un générique extensionnel parce qu'il vise la classe du point de vue des éléments qui la composent : les oiseaux= un oiseau + un oiseau + un oiseau...

Il ne s'applique pas forcément à tous les membres de la classe : " les élèves du primaire ne sont pas sages, les singes mangent des bananes " (pas forcément tous, il y a eu un processus de généralisation, ce n'est pas une vérité universelle, mais générale )

Le seul cas qui puisse s’interpréter ici comme article défini à valeur générique est " l’étranger " qui peut désigner tout étranger à venise (générique), mais peut également désigner le protagoniste, Mercadier (spécifique, anaphorique)

Lorsque l'article est pris dans un groupe figé, il ne renvoie à aucun référent, il ne fonctionne plus comme un déterminant.

Il peut alors servir à la fabricationde diverses locutions :

- adverbiales : A la fois, au contraire

- verbales : couper la retraite 

Il en résulte divers emplois lexicalisés où il n'est plus guère possible de rendre compte exactement des valeurs d'emploi de l'article défini.